Droits télé: Le football français retient son souffle

Staff L'1 Messages : 569 Date d'inscription : 02/06/2011

Par Philippe GRÉLARD

Le football français, encore largement dépendant des droits télé, retient son souffle, puisque la date butoir de la remise des appels d'offre pour la L1 sur la période 2012-2016 est fixée à ce lundi, dans un contexte économique difficile.

Le climat financier morose touche aussi bien les diffuseurs que les clubs. En marge de l'élection présidentielle à la Fédération française de football samedi, Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel (LFP), se voulait rassurant, assénant que le football professionnel "est fondamentalement sain, sur des bases saines, bien géré par des présidents professionnels et sur la voie de la rigueur".

Mais le patron du football professionnel ne se voile pas la face, reconnaissant au détour d'une phrase que le "football professionnel est affecté par crise économique, comme tous les secteurs économiques en France".

Et d'entrevoir une embellie à moyen terme, grâce au "formidable chantier de l'Euro 2016, avec la rénovation et la construction de nos stades", prédisant dès "2014 un pays moderne, avec des stades confortables, de grandes capacités, assurant sécurité et convivialité, avec des clubs qui, enfin disposeront de ressources pérennes et seront moins dépendants des droits télé".

Mais d'ici là, les droits audiovisuels seront encore le nerf de la guerre (58% des ressources hors transferts des clubs de L1 sur la saison écoulée, selon le rapport de la DNCG), mis à part peut être pour l'exception Paris SG, si ses nouveaux investisseurs qataris se montrent généreux.

Al-Jazira Sport, le joker ?

Or la Ligue doit faire avec la défection annoncée de l'opérateur Orange, qui contribuait à hauteur de 203 millions d'euros par an pour un match le samedi soir. De son côté, le diffuseur historique Canal + a répété qu'il ne souhaitait pas faire de folies.

Pour éviter une baisse des droits, la LFP a fait le pari d'une plus large exposition du championnat, avec une journée étalée sur trois jours - un match le vendredi à 21H, 6 matches le samedi (un à 17H, quatre à 19H, un à 21H) et trois matches le dimanche (un à 14H, un à 17H, un à 21H). Et la Ligue a morcelé son offre en neuf lots.

Dans l'esprit de la LFP, la L1 vaut toujours 660 millions. Les prix de réserve (rendus publics pour la première fois) fixés par la LFP pour les 6 premiers lots atteignent 600 millions d'euros (110 millions d'euros pour les lots 1 et 2, 100 ME pour les lots 3 et 4, et 90 ME pour les lots 5 et 6). Si l'on y ajoute les droits mobiles (environ 60 ME aujourd'hui), sur lesquels Orange pourrait se positionner, le compte est bon: la L1 n'aura rien perdu de sa valeur.

Si ce montant global des prix de réserve est atteint, les six lots seront attribués, même ceux qui n'ont pas atteint le prix de réserve individuel. S'il n'est pas atteint, les lots dont les offres atteignent les prix de réserve seront attribués, les autres revenant à CFoot, la chaîne que lancera la Ligue au mois de juillet.

Un joker dans la manche de la LFP pourrait être le groupe qatari télévisuel Al-Jazira, alléché par le nouveau PSG. Al-Jazira Sport a déjà jeté les bases d'une implantation durable en France en acquérant les droits audiovisuels de la L1 à l'international (estimés à 200 M d'euros sur six ans) et pourrait se porter candidat pour des lots français de la L1 lors de l'appel d'offres pour la période 2012-16.